Pour solde de tout conte - Jocelyne Bacquet
Résumé : À vous faire perdre le goût des contes de fées... Cette nouvelle affaire nous fait voyager à la lisière de la folie, dans les méandres du cerveau d'une « Copycat » un peu particulière : elle a décidé de s'inspirer des contes de fées de notre enfance... Imprévisible, provocatrice, ce qu'elle aime en dehors de faire le mal, même si ce mot ne revêt pour elle aucun sens, c'est la toute-puissance qu'elle exerce sur autrui : elle met à mort plus qu'elle ne tue. Devenue compulsive, elle va se mettre en danger, celui de perdre tout contrôle et de se perdre elle-même. Vous êtes gentil ? Elle va adorer...
AUTO-ÉDITIONTHRILLER
Antiigone
9/23/20252 min read
J’ai adoré retrouver le duo Verney et Charcot, découverts dans le glaçant « Fallait pas ». Dans ce nouvel opus intitulé « Pour solde de tout conte » de Jocelyne Bacquet, on les voit vraiment évoluer : Verney gagne en nuance, en confiance, l’expérience de Charcot se fait sentir, et leur complicité devient plus solide. Et d’autres personnages prennent de l’ampleur pour encore mieux servir une nouvelle enquête encore plus spectaculaire que la précédente. Bref, nos deux affreux ne s’ennuient pas !
Dans « Pour solde de tout conte », oublie les contes de fées, ici c’est version cauchemar… Cette nouvelle affaire nous entraîne à la frontière du réel et de la folie. Une copycat pas comme les autres s’inspire des histoires de notre enfance pour réécrire ses propres scénarios… en mode sanglant. Imprévisible, fascinante et glaçante, elle ne tue pas seulement : elle orchestre, elle manipule, elle joue avec ses victimes comme un chat avec une souris. Son plaisir ? La toute-puissance. Son danger ? Cette pulsion qui devient incontrôlable et qui risque de la faire sombrer.
J’ai trouvé l’intrique très bien ficelée : originale, percutante, souvent surprenante. Le lien avec les contes de fées est une idée forte. S’inspirer de classiques comme Andersen pour construire les meurtres, les références, les repères temporels, cela ajoute une dimension presque cauchemardesque, mais maîtrisée. On ne tombe pas dans le déjà-vu, mais dans quelque chose qui retient le souffle. Le lecteur hésite entre fascination et effroi, et ça, c’est parfait !
La psychologie de la tueuse est particulièrement bien mise en scène et approfondie. On plonge peu à peu dans ses pensées, dans ses replis, ses souvenirs, ses motivations, sans que l’auteure ait besoin de verser dans le gore ou le spectacle gratuit. On ressent ce sombre besoin, ce mélange d’instinct, de dérèglement, parfois de stratégie, et cela donne froid dans le dos. Le contraste entre sa vie que tout le monde voit, surtout ses voisins, et la vérité intime de ses pulsions rend le personnage d’autant plus troublant.
Ce qui m’a aussi vraiment plu, c’est de voir que la plume de Jocelyne Bacquet s’affirme et ose davantage dans cet ouvrage : des passages plus abrupts, plus dérangeants, mais toujours avec un équilibre. Le style reste fluide, les phrases souvent percutantes, sans sacrifier le rythme : on est entraîné, tenu en haleine, et même lorsqu’on croit deviner le fin mot de l’histoire, il y a toujours un rebondissement. Plusieurs points de vue se mêlent, entre les enquêteurs, les voisins et la tueuse, c’est tout un monde qui cherche à élucider ou à corser le mystère !
Et puis, la petite touche d’humour est bienvenue, parce que dans un thriller où la noirceur monte, ce sont ces moments de légèreté qui permettent de mieux digérer l’horreur, de reprendre son souffle. Les échanges entre Verney et Charcot, les interventions de Durand, parfois ce contraste presque absurde ou inattendu, ça désamorce sans nuire à l’ambiance.
Pour conclure, « Pour solde de tout conte » est un roman policier dense, travaillé, qui tient ses promesses. Un duo d’enquêteurs attachant, une vilaine mémorable, une intrigue originale, et une écriture qui gagne en audace. Si tu aimes être tenu·e en haleine, frissonner, tout en savourant les subtilités d’un roman bien construit, ce livre est fait pour toi.
