Zen sans maître - Frenk Meeuwsen
Résumé : Frenk, jeune dessinateur néerlandais, effectue un séjour de trois ans au Japon, à la recherche de la compréhension de la philosophie zen japonaise. Hélas, son voyage d’études ne se déroule pas exactement comme prévu. Entre rencontres avec des personnages hauts en couleur, choc culturel et flash-back sur son enfance, Frenk parviendra-t-il à l’illumination ? Zen sans maître nous entraîne dans la quête mystique du jeune Frenk aux prises avec les paradoxes de la sagesse asiatique. Ses aventures spirituelles le sont dans tous les sens du terme. Un récit drôle et intelligent, mais surtout accessible et jamais ennuyeux.
MASSE CRITIQUE BABELIOBANDE-DESSINÉE
Antiigone
5/8/20253 min read
Bonjour les gens qui lisent !
Aujourd'hui, on se retrouve pour une chronique d’un roman graphique, paru aux éditions Anspach, reçu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio.
« Zen sans maître » est un roman graphique à la fois introspectif, poétique et lumineux. Dans ce récit autobiographique, Frenk Meeuwsen nous plonge dans son parcours de découverte du zen, entre questionnements existentiels et exploration du silence intérieur. À travers une narration fluide et un dessin épuré, il nous offre un voyage singulier, personnel et universel à la fois.
Une quête spirituelle accessible et authentique
Ce qui frappe d'abord à la lecture de « Zen sans maître », c’est la sincérité avec laquelle l’auteur partage ses doutes, ses élans, ses résistances et ses éveils. Loin de toute posture mystique ou dogmatique, il raconte avec humilité son initiation au zen, débutée dans les années 1980 à Amsterdam, alors qu’il est encore un jeune étudiant en art.
Il ne suit pas de maître à proprement parler, d’où le titre de l’ouvrage. Cette démarche personnelle rend son témoignage encore plus attachant et crédible : on y sent la recherche sincère d’un équilibre intérieur, d’un apaisement du mental, d’un rapport au monde plus conscient. Le zen, chez Frenk Meeuwsen, n’est pas une religion ni une mode, mais un outil de transformation, une pratique concrète et simple – parfois ardue – qui s’insère peu à peu dans son quotidien.
Une narration fluide et méditative
Le rythme du récit épouse la temporalité propre au zen : lente, contemplative, rythmée par des temps de silence et de respiration. La bande dessinée alterne entre souvenirs d’enfance, moments de méditation, scènes du quotidien et réflexions plus philosophiques. Les chapitres courts facilitent la lecture. On y croise aussi les figures qui ont influencé l'auteur, des écrivains comme Alan Watts ou D.T. Suzuki, mais aussi ses propres proches, qui deviennent autant de miroirs dans son cheminement. J’ai beaucoup appris sur ce qu’est le zen et son histoire.
Le ton est parfois teinté d’humour, souvent introspectif, toujours bienveillant. L’auteur ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, mais à témoigner, avec douceur et justesse. Cette approche rend l’ouvrage profondément humain, et étonnamment apaisant à lire.
Un dessin sobre, élégant et expressif
Graphiquement, « Zen sans maître » est un régal de sobriété. J’ai trouvé le trait noir et blanc, parfois teinté de couleurs vaillamment choisies, de ce dessinateur de talent fin, maîtrisé, très expressif. Il privilégie les lignes simples, les cadrages calmes, les compositions épurées, en accord avec le sujet. Le dessin participe pleinement à cette sensation de sérénité et de lenteur propice à la méditation.
Les scènes de méditation sont particulièrement bien rendues, avec un usage subtil des blancs et des silences graphiques qui invitent presque le lecteur à ralentir, à respirer, à contempler. Il y a quelque chose de presque hypnotique dans cette manière de raconter : un vrai talent de mise en scène du vide, du temps qui s’étire, des pensées qui passent. De plus, il nous fait voyager dans ce Japon que j’aime tant, entre sites historiques et modernisme des villes.
Un livre pour tous, initiés ou néophytes
L’un des grands mérites de cette bande dessinée, c’est qu’elle est accessible à tous. Que l’on soit pratiquant du zen, simplement curieux, ou en quête de sens, « Zen sans maître » offre une porte d’entrée chaleureuse et non intimidante vers cette pratique. Ce n’est pas un manuel, ni une autobiographie classique : c’est un récit de vie en résonance avec notre époque, dans laquelle le besoin de ralentir, de revenir à soi, de se libérer du bruit mental devient de plus en plus criant.
Pour conclure, ce roman graphique est une œuvre rare, à la fois sobre et profonde, intime et universelle. Frenk Meeuwsen y livre un témoignage touchant, parfois drôle, souvent contemplatif, toujours empreint de sagesse discrète. Un vrai moment de lecture zen – dans tous les sens du terme.
Je tiens à remercier Babelio et les éditions Anspach pour leur envoi et leur confiance.
