Pogo - Pierre Luciani

Résumé : Lors d'une fête champêtre, Sauveur Moracchini remarque un clown attirant un enfant à l'écart. S'ensuit une altercation au cours de laquelle il parvient à assommer le ravisseur. A l'arrivée des gendarmes, le clown est dans le coma et l'enfant se mure dans le silence. Moracchini est arrêté. Un commissaire qui l'a vu grandir et son avocate, aidé par un ami d'enfance, enquêtent pour l'innocenter.

THRILLERROMAN CONTEMPORAIN

Antiigone

9/25/20252 min read

Pogo, le nouveau roman choral de Pierre Luciani.
Pogo, le nouveau roman choral de Pierre Luciani.

Avec « Pogo », Pierre Luciani signe un roman choral haletant qui prend aux tripes dès les premières pages. Le point de départ – une fête champêtre qui vire au drame avec l’intervention d’un clown suspect et l’arrestation injuste de Sauveur Moracchini – pourrait être celui d’un polar classique. Mais Pierre déjoue les attentes et tisse un récit polyphonique où chaque voix compte.

Lors d’une fête champêtre, Sauveur Moracchini remarque un clown qui entraîne un enfant à l’écart. Une altercation éclate et, dans le chaos, le personnage principal parvient à assommer le ravisseur. Mais à l’arrivée des gendarmes, le clown est plongé dans le coma et l’enfant se mure dans un silence inquiétant. Accusé à tort, Moracchini est arrêté. Un commissaire qui l’a vu grandir, son avocate et un ami d’enfance se lancent alors dans une enquête pour tenter de prouver son innocence.

Dans ce nouveau roman, les différents points de vue s’entrelacent avec fluidité : commissaire, avocate, ami d’enfance, compagnon de cellule, mais aussi témoins et figures de l’ombre. Chacun apporte sa nuance à l’affaire et enrichit l’intrigue, qui se construit comme une mosaïque tendue vers une vérité insaisissable. On ne lit pas ce livre seulement pour connaître le dénouement, mais pour explorer ces regards multiples qui éclairent les zones grises de l’événement.

J’ai trouvé la psychologie des personnages particulièrement travaillée. Sauveur Moracchini n’est pas seulement un héros malgré lui : c’est un homme aux failles, à la fois protecteur et vulnérable, dont on découvre le passé par touches successives. De même, le commissaire, l’avocate et l’ami d’enfance sont bien plus que des seconds rôles : l’auteur leur confère une densité qui les rend crédibles et attachants.

La plume de Pierre Luciani, que j’ai découverte en science-fiction avec « Montrez-leur la mort », s’illustre ici avec brio dans le thriller. L’écrivain maîtrise parfaitement le suspense et la tension dramatique, jouant avec les points de vue et les temporalités pour tenir le lecteur en haleine. Son écriture, à la fois précise et immersive, rend chaque scène vivante et chaque rebondissement crédible.

Et puis il y a l’univers punk, que j’adore. Rarement un roman français aura su aussi bien injecter cette énergie brute, ces références musicales qui ne sont jamais plaquées mais parfaitement intégrées à l’ambiance. Les « pépites » punk citées dans le livre résonnent comme une bande-son en arrière-plan et renforcent le climat d’urgence et de rébellion. On sent que l’auteur, musicien et auteur compositeur, connaît et aime cette culture, qu’il l’utilise pour nourrir ses personnages et non pour faire joli.

Pour conclure, en refermant « Pogo », je garde l’impression d’avoir traversé un roman à la fois sombre et vibrant, tendu et généreux, où le punk n’est pas qu’une esthétique mais un état d’esprit. Une réussite qui donne envie de plonger dans les coulisses de ce petit monde et d’attendre avec impatience le prochain livre de Pierre Luciani.

Je tiens à remercier l'auteur pour l'envoi de son livre en service de presse et sa confiance.