Nora et Merlin : La forêt délavée - Ingrid Letourneau et Héloïse Piro
Résumé : Depuis la fenêtre du Château, Nora observe la forêt mystérieuse qui lui fait face. Un jour, la fillette aperçoit un chien tout noir à sa lisière. C'est le début d'une amitié enchantée, qui l'aidera peut-être à affronter les longues journées à l'École Solitaire et à Trouve-tout, le magasin familial, mais aussi à décrypter le silence de la Grand-Muette et à découvrir les racines de la mémoire familiale.
MASSE CRITIQUE BABELIO
Antiigone
12/19/20253 min read


« Nora et Merlin : la forêt délavée » d’Ingrid Letourneau, accompagné des sublimes illustrations de Héloïse Piro, est un roman jeunesse à partir de neuf ans qui m’a immédiatement transportée. Oui, même à trente-et-un ans ! Dès les premières pages, j’ai senti que ce livre allait me rappeler mes propres rêveries d’enfance, celles où je pouvais passer des heures à observer un paysage et à lui inventer des secrets. J’ai eu la chance de le recevoir dans le cadre d’une Masse Critique Babelio, et je me suis plongée dans l’histoire de Nora avec une curiosité familière, un peu comme si je retrouvais une vieille amie.
Je pourrais résumer ce roman comme l’histoire d’une fillette qui contemple chaque jour une forêt mystérieuse depuis la fenêtre du Château où elle vit. Un matin, un chien noir surgit à la lisière des arbres, déclenchant une amitié inattendue qui deviendra un véritable refuge. Merlin accompagne Nora dans ses longues journées à l’École Solitaire, dans les couloirs chargés de bric-à-brac de Trouve-tout, le magasin familial, mais aussi dans sa quête pour comprendre le silence de la Grand-Muette et les racines parfois oubliées de sa propre histoire. Le roman entremêle son récit à d’autres histoires que les lecteurs·ices de tout âge reconnaîtront, créant un jeu de miroirs entre fiction et réalité.
J’ai ressenti une grande douceur au fil des chapitres. L’univers de la forêt délavée semble respirer, comme un être vivant qui garde précieusement des souvenirs anciens. En avançant avec Nora, je me suis surprise à retrouver mes yeux de lectrice de neuf ans, là où chaque geste, chaque bruit, chaque ombre pouvait devenir le début d’un conte. Le livre délivre une morale lumineuse, qui parle de famille, de différence et de ces racines qui nous portent même lorsqu’on les croit invisibles.
Les personnages sont dépeints avec beaucoup de délicatesse. Nora, rêveuse et sensible, inspire immédiatement l’attachement. Merlin, cet étrange chien noir, agit autant comme un compagnon fidèle que comme une présence presque magique qui guide Nora dans ses découvertes. Les adultes qui l’entourent ne sont jamais figé·e·s : iels avancent avec leurs propres blessures, leurs doutes, leurs silences, ce qui rend leur présence très authentique.
L’intrigue progresse avec la douceur d’une promenade entre les arbres : parfois brumeuse, parfois éclairée, toujours empreinte de sensibilité. Elle garde volontiers ses mystères pour mieux les révéler au moment juste. Les récits enchâssés, qui viennent se glisser dans l’histoire principale, apportent un charme particulier et participent à cette impression de lire un livre qui parle autant aux petit·e·s qu’aux grand·e·s.
La plume d’Ingrid Letourneau est fluide, imagée, douce sans être simpliste. Elle respecte l’imaginaire des plus jeunes tout en laissant une profondeur qui touche également les adultes. Et les illustrations de Héloïse Piro… quelle merveille ! Elles ajoutent une musicalité visuelle au texte, avec des traits sensibles et des teintes poétiques qui donnent à la forêt, aux émotions et aux souvenirs une présence presque palpable.
Pour conclure, en tournant la dernière page de « Nora et Merlin : la forêt délavée », j’ai eu l’impression de quitter un endroit qui continuera de murmurer longtemps, comme une forêt qui garde en elle ce qu’on y a laissé. C’est un roman tendre, enveloppant, qui célèbre l’enfance, la mémoire et les racines qui nous constituent. Si tu aimes les histoires pleines de mystère, de poésie et de sens, alors ce livre mérite, sans hésitation, de rejoindre ta bibliothèque... et celle de tes enfants !
Je tiens à remercier Babelio et les éditions Captiot pour leur envoi et leur confiance.





