Les yeux qu'on ferme - Stéphanie Sounac Thana Nanou

Résumé : «Je venais de passer douze ans à être en colère, à penser la mort comme une ennemie qui ne pouvait causer que de la peine, de la noirceur et du vide. Et soudain, je découvre qu'elle est aussi une délivrance, qu'elle peut être douce et libératrice. – Maman, tu vas peut-être me prendre pour une folle, mais mes mots sont trop faibles pour décrire ce que je viens de vivre. C'est un cadeau précieux que je n'oublierai jamais. Désormais, il est clair dans mon esprit que je veux travailler avec les morts pour apaiser les vivants. À partir de là, j'entame de véritables recherches pour devenir thanatopractrice et je ne lâche plus l'affaire.»

SOCIÉTÉCOUP DE CŒUR EDITIONS 41

Antiigone

2/25/20254 min read

Les yeux qu'on ferme, le premier livre coup de cœur de Thana Nanou.
Les yeux qu'on ferme, le premier livre coup de cœur de Thana Nanou.

Bonjour tout le monde !

On se retrouve aujourd'hui pour ma première chronique dans le cadre de mon partenariat avec les éditions 41, que je tiens à remercier pour leur envoi et leur confiance.

Voici mon avis sur « Les yeux qu’on ferme », le premier livre de Stéphanie Sounac, alias @thana_nanou. C’est un témoignage poignant sur son activité de thanatopractrice. C’est la personne qui s’occupe de notre corps après la fin de vie et qui donne la plus belle et ultime image de nous que l’on peut offrir à ceux qui nous regarderont pour la dernière fois.

J’ai connu le travail et le compte de Stéphanie lorsque je travaillais en tant que psychologue en soins palliatifs et en oncologie. En effet, si la fin de vie était une part importante de mes entretiens avec mes patients et mon équipe soignante, « l’après-vie » l’était également. J’entends par là ce qu’il se passe pour le corps une fois que la vie n’est plus. Que ce soient les patients ou leurs proches, je constatais chaque jour un désir intense de savoir ce qu’il va advenir pour cette enveloppe charnelle. Vraiment, comment ça se passe ? Qu’est-ce qui se passe pour ce corps avant la mise en bière ou la crémation ? Je ne pouvais plus me contenter de réponses vagues et convenues.

Dans mes recherches, je suis rapidement tombée sur le compte Instagram de Stéphanie, où elle parle de son métier et des situations auxquelles elle est confrontée au quotidien, pour déconstruire certaines fausses croyances et informer, expliquer, parler de son métier encore trop sujet à des préjugés ou à une méconnaissance globale. Eh oui, la mort, ça fait peur ! Moins on en parle, plus on a l’impression de l’éloigner. Mais comme l’autrice le dirait si bien, parler de la mort ne la fait pas venir !

Dans ce livre, elle va plus loin que ces vidéos. Elle nous raconte son parcours personnel et professionnel, ce qui l’a amenée à exercer cette profession, à la quitter parfois, pour mieux y revenir.

Aussi, elle explique son métier et ceux qui l’entourent. Elle nous parle de sa pratique sans tabous. J’ai beaucoup appris sur ce que je voulais savoir à l’époque de mon exercice en milieu hospitalier. Elle parle de la MORT, oui, des majuscules, parce que c’est dur de parler de la mort, d’obtenir des réponses franches aux questions que l’on se pose sur ce « gros mot », sans avoir de fioritures ni de métaphores. Peut-être parce que je l’ai côtoyée très tôt grâce à la maladie – je dis bien « grâce » parce qu’elle m’a tant appris et que je ne serais pas là où j’en suis cognitivement et consciemment aujourd’hui – , que j’ai très tôt eu conscience de ma mortalité et de celle du monde qui m’entoure, j’ai eu moins de mal à en parler que d’autres. Petite, je savais que mes questions franches dérangeaient et j’ai vite compris qu’il ne fallait pas en parler aussi ouvertement, même avec les adultes. Surtout, avec les adultes !

Avec ce livre, j’ai trouvé des réponses, des explications, des axes de réflexions sur des questions que je me posais depuis plus de trente ans. Aussi longtemps, oui, parce que ce sont des choses « dont on ne parle pas ». Stéphanie, elle, saute le pas et met même les deux pieds dedans. Mille mercis ! Ça a libéré quelque chose en moi, maintenant que je sais, à présent que c’est plus clair. Pour autant, ses propos sont écrits avec une extrême bienveillance et beaucoup de pédagogie, ce qui rend son livre accessible à tous et passionnant !

Stéphanie fait partie de ces professionnels intègres que j’admire, qui savent donner du sens à leur pratique et se battent pour faire valoir leurs droits et ceux de ses bénéficiaires qui ne peuvent, de fait, plus le faire. Et c’est un combat de tous les jours, elle nous le dit bien. Entre incompréhensions, lois absurdes, peu de moyens, relationnel compliqué, Stéphanie se lève pourtant chaque matin pour prodiguer ses soins dans le plus pur respect de la personne. Et cela se ressent dans son livre construit selon un cheminement logique. Elle aborde également les soins apportés aux corps des enfants, des accidentés qu’il faut « reconstruire », des animaux, pour terminer par des pages de ressources littéraires, cinématographiques, et d’informations utiles pour les proches pour aborder le sujet plus sereinement.

Pour conclure, j’ai eu un immense coup de cœur pour ce livre qui, non seulement, a comblé un vide informatif dans mes connaissances sur le sujet de la mort et de ce qui se passe pour le corps « après », mais aussi touchée en plein cœur, car il est écrit par une professionnelle authentique et digne. Accessible à tous, le livre de @thana_nanou, la célèbre thanatopractrice qui raconte son quotidien sur les réseaux et lève le voile sur bon nombre de tabous concernant les soins apportés à notre corps après la vie. Sans tabous, mais toujours avec humanité, bienveillance, pédagogie et professionnalisme, elle explique, elle donne envie de découvrir ce métier encore méconnu, et le rend essentiel, car nous y serons tous confrontés. Ce témoignage est essentiel, tout simplement. Et merci, Stéphanie, pour ces mots, pour ces réponses, pour tes convictions.