Le long du monde - Hélène Alice Bailleul
Résumé : Dans une forêt vert tendre et touffue, à flanc de montagne, une jeune fille court à perdre haleine. Elle ne se livre pas, tait la raison de sa folle course. Au détour d’un sentier, elle rencontre un habitant fantasque des alpages. C’est le début d’une belle amitié entre la sauvage Sylve et le rustre Vitus. Parcourant les monts, épiant la vie des alpages, ils se révèleront veilleurs du monde. Un livre poétique sur la beauté du monde et le lien humain.
BLACKLEPHANT ÉDITIONSSOCIÉTÉ
Antiigone
6/19/20253 min read


Bonjour tout le monde !
Aujourd'hui, je te parle d’un livre qui ne se lit pas, mais qui se traverse, comme on traverserait un paysage, d’un livre qui se vit plus qu’il ne se lit. « Le long du monde », d’Hélène Alice Bailleul, est de ceux-là. Publié aux éditions Blackléphant, ce roman est une ode à la beauté du monde, un voyage intime au cœur des paysages, mais aussi au cœur de l’âme humaine.
C’est une histoire simple, mais profondément humaine. Au fil des pages, nous faisons la connaissance de Sylve, une jeune fille solitaire, insaisissable, presque issue d’un autre monde, et de Vitus, un habitant des alpages, philosophe à ses heures, ancré dans son environnement comme un vieux chêne enraciné. Leur rencontre donne naissance à une amitié singulière, pudique, faite de silences, de regards et d’une attention sincère portée à l’autre. Ni forcément ancré dans un endroit précis ni dans une époque distincte, même si l’on comprend que l’on est en France et dans un temps qui a connu le COVID, cela n’a que peu d’importance. Ce qui importe, c’est le voyage, intérieur comme extérieur, dans lequel on se lance au gré des chapitres courts.
Ce n’est pas une aventure haletante, ni un roman à rebondissements. « Le long du monde » se savoure lentement, comme une promenade en montagne. C’est un roman contemplatif. Ce qui compte ici, ce n’est pas la destination, mais la marche elle-même. Hélène Alice Bailleul nous invite à redevenir veilleurs du monde, à poser à nouveau un regard attentif sur ce qui nous entoure et ce que nous ressentons.
La plume de l’auteure est fluide, agréable à lire, sensorielle et envoûtante, comme une balade en forêt. L’un des plus grands atouts du roman est sans conteste sa langue. Hélène Alice Bailleul possède une plume lyrique sans être précieuse, sensorielle sans être bavarde. Elle parvient à peindre des ambiances avec une justesse rare. Le lecteur sent le craquement des pas dans la neige, respire l’air frais des hauteurs, entend le murmure du vent dans les branches. Les descriptions ne sont jamais gratuites : elles sont profondément liées à l’état intérieur des personnages. Le paysage devient miroir de l’âme. La nature est ici un personnage à part entière, aussi important que Sylve et Vitus. C’est elle qui façonne, qui soigne, qui relie.
Aussi, c’est un roman qui réconcilie avec la lenteur. Dans un monde qui va trop vite, « Le long du monde » est une parenthèse salutaire dont j’avais tout à fait besoin en ce moment. Il nous rappelle la vertu de la lenteur, l’importance de prendre le temps : le temps de regarder, d’écouter, de ressentir. Ce roman se lit doucement, et c’est là toute sa force. Il nous apprend à ralentir, à nous recentrer, à revenir à l’essentiel.
C’est également une fable écologique et existentielle. Sans jamais être militant ni moralisateur, le roman s’inscrit dans une démarche profondément écologique. Il interroge notre rapport au monde vivant, notre manière d’habiter la terre. Il pose aussi la question de la transmission, de l’attention à l’autre, et du rôle que chacun peut jouer dans la préservation du vivant.
Les personnages de ce roman nous questionnent, chacun à leur manière : que signifie veiller sur le monde ? Comment garder un regard émerveillé, même dans l’adversité ? Comment vivre en harmonie, non pas au-dessus du monde, mais avec lui ?
Pour conclure, « Le long du monde » est un livre qu’on referme avec le cœur apaisé et des envies de randonnée en montagne. C’est un roman qui soigne, qui réconforte, qui donne envie d’ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure. Il plaira à tous ceux qui aiment les histoires sensibles, les paysages puissants, la poésie discrète du quotidien. Un roman à offrir à ceux qu’on aime, et à relire, peut-être, dans un moment de doute ou de fatigue, pour retrouver ce lien si fragile et précieux avec la beauté du monde.
Je tiens à remercier les éditions Blackléphant pour leur confiance et leur envoi.
