Faire revivre les espèces disparues - Lionel Cavin et Nadir Alvarez
Résumé : Imaginez-vous pouvoir visiter un jour un Jurassic Park, un zoo consacré aux dinosaures ? Il y a 66 millions d’années, un astéroïde percutait la Terre et entraînait la disparition de ces créatures. Cette extinction de masse, la 5e depuis l’origine de la vie complexe sur Terre, est la dernière résultant d’un phénomène naturel. La 6e, en cours, est quant à elle due à l’activité humaine. Les progrès technologiques permettent aujourd’hui d’envisager de recréer des espèces disparues, mais ces prouesses scientifiques nous placent devant une interrogation : s’il est de notre devoir de protéger les espèces menacées, devons-nous aller plus loin et ressusciter des espèces éteintes par la main humaine ? Cette idée est déjà à l’œuvre à divers endroits du monde, dans une optique de réensauvagement. Faire revivre des espèces disparues ? soulève des questions d’ingénierie génétique mais interroge aussi notre définition de la nature, notre acceptation du monde dit « sauvage » et la relation que nous comptons entretenir avec lui pour les siècles à venir.
EDITIONS 41 - QUANTOSCIENCE
Antiigone
10/30/20252 min read


Dès les premières pages, « Faire revivre des espèces disparues ? » m’a séduite par son sujet fascinant : la possibilité de redonner vie à des espèces disparues, du mammouth laineux à l’aurochs en passant par des oiseaux mythiques. Lionel Cavin et Nadir Alvarez, respectivement paléontologue et biologiste de l’évolution, nous entraînent dans un voyage intellectuel où se mêlent science, éthique et philosophie. Le livre n’est pas une simple rêverie sur le retour des dinosaures. Il explore avec rigueur et clarté les avancées technologiques, les implications écologiques et les dilemmes moraux que soulève ce fantasme collectif.
Ce qui m’a frappée avant tout, c’est la pédagogie des auteurs. Ils savent vulgariser des concepts scientifiques complexes pour les rendre accessibles à un public non spécialiste, sans jamais sacrifier la précision. Je n’y connaissais absolument rien sur cette question, cela ne me serait même jamais venu à l’esprit que c’était un domaine d’études courant et que cela figurait dans la voie des possibles. Je suis ressortie ma lecture à la fois émerveillé par les prouesses techniques et stimulé par les questions qu’elles posent. Car Cavin et Alvarez ne se contentent pas de demander « est-ce possible ? », ils posent surtout la question cruciale : « faut-il le faire ? ». Cette interrogation traverse tout l’ouvrage et l’empêche de basculer dans le simple techno-enthousiasme.
L’approche éthique et philosophique du livre est d’ailleurs l’un de ses points forts. Les auteurs nous amènent à réfléchir aux conséquences écologiques de la désextinction, à l’équilibre des écosystèmes actuels, et au prix écologique, économique et moral d’une telle entreprise. Ils replacent aussi l’extinction dans un contexte géologique plus large, nous rappelant que la disparition d’espèces est un processus ancien et naturel, même si l’activité humaine l’a accéléré. Ce recul donne une profondeur salutaire au débat et relativise le fantasme de « réparer » le passé.
Le livre est également vivant et concret grâce aux nombreux exemples choisis. Les cas du mammouth, des espèces disparues récemment et des projets scientifiques en cours rendent le propos tangible et donnent corps à la réflexion. Le tout est illustré par des croquis, tableaux ou représentations réalistes de ce qu’aurait été telle ou telle espèce animale que nous n’avons pas connue. Le style est fluide, les chapitres bien construits, et les photos en couleur renforcent l’accessibilité du texte. On sent que le duo d’auteurs a cherché à rendre la lecture agréable autant qu’instructive.
Pour conclure, après cette lecture, je me suis sentie plus consciente, mieux armée pour comprendre ce débat contemporain, et peut-être plus humble face à la complexité du vivant. Si tu aimes les essais qui font autant rêver que réfléchir, cet ouvrage est un compagnon de choix. Je le recommande à tous les amoureux de nature, de science et d’idées nouvelles, mais aussi à ceux qui écrivent ou créent des mondes, car il donne à penser à la fois sur la puissance de l’imagination et sur la responsabilité qu’elle implique.
Je tiens à remercier les éditions Quanto pour leur confiance et leur envoi.


