Ce refrain qui te plaît - Nadège Erika

Résumé : « Je reprends mes rêves éveillés dans lesquels j’ouvre les grilles, les portes et les fenêtres. Et sans discrimination, ni casting, je laisse sortir chacun des fous et je mets le feu à un hôpital psychiatrique. » Kora, quadra et mère célibataire, lutte pour protéger son fils Sol. Jeune adulte aux prises avec des troubles psychiques, il est suivi par un système de santé à bout de souffle. Dans sa ville, Kora trimbale son inquiétude, sa solitude et une valise rose fluo, d’appartements prêtés par les amis en chambres d’hôtel miteuses louées à des marchands de sommeil. Alors qu’elle assume sa condition de proche aidante, Kora interroge son devoir de mère : combien de temps peut-on soutenir quelqu’un sans sombrer soi-même ? Avec la poésie nerveuse qui caractérise son écriture, Nadège Erika nous livre un deuxième roman uppercut et incontournable sur la maternité et la santé mentale.

MASSE CRITIQUE BABELIOROMAN CONTEMPORAIN

Antiigone

8/19/20252 min read

"Ce refrain qui te plaît", le nouveau roman de Nadège Erika chez Harper Collins.
"Ce refrain qui te plaît", le nouveau roman de Nadège Erika chez Harper Collins.

Demain sort, chez HarperCollins, « Ce refrain qui te plaît », le second roman de Nadège Erika. Il marque une plongée intime dans l’univers d’une mère solo, confrontée aux troubles psychiatriques de son fils et au système de prise en charge en France. Et si tu penses que c’est un pavé plombant… attends d’avoir lu cette explosion de rage, de tendresse et de lucidité !

On suit Kora, quadragénaire et assistante sociale, en guerre contre l’errance psychiatrique de Sol, son fils. Nadège Erika décline avec une rare acuité la vie d’une mère solo : les déménagements en urgence, les nuits à l’hôtel miteux, la valise rose fluo comme dernière trace d’une stabilité vacillante. La narration ne cherche pas le pathos, elle l’incarne — c’est vif, nerveux, parfois acide, souvent drôle malgré l’abîme. C’est une voix vraie, brute, bouleversante

Le roman transpose avec justesse la difficulté d’être proche aidant d’un enfant, puis d'un ado et d'un adulte, « différent ». Nadège Erika met en lumière l’incompréhension du voisinage, le regard lourd des institutions, les regards qui désignent.

On plonge dans la culpabilité de la mère, le questionnement constant : « Suis-je une bonne mère ? ». C’est aussi une mère qui a envie d’abandonner, de baisser les bras, qui culpabilise, mais qui relativise. Enfin un livre qui met en scène un personnage comme cela !

Le parcours de Sol à l’hôpital psychiatrique, ses internements successifs, mais aussi les couloirs, les attentes interminables, l’usure de Kora comme proche aidante : tout cela est décrit avec une acuité clinique et émotionnelle. Certains passages mettent en avant les failles du système — de la sélection humaine aux mauvaises intentions (ou l’absence de bienveillance) ou le manque de moyens financiers et humains, tout simplement — sans jamais tomber dans la caricature. Entre urgence, vide et retard, la psychiatrique française actuelle est mise en scène avec brio !

Malgré l’horreur du quotidien, Nadège Erika sait respirer. Son écriture est parfois drôle, souvent lumineuse, parce que la rage peut faire rire aussi.

Pour conclure, « Ce refrain qui te plaît » n’est pas un chœur langoureux, c’est un cri de vie. Celui d’une mère épuisée, d’un enfant en errance, d’un système à bout… mais aussi d’une écriture qui ne lâche jamais la main. Si tu veux un roman qui te secoue, t’émeut, t’informe – tout en gardant un souffle de rage tendre –, fonce. Sur ce, je vais remettre ma valise rose fluo au vestiaire – mais je te promets, ce livre, il te colle au cœur. C’est une ode puissante à la maternité face à la différence !

Je tiens à remercier Babelio et les éditions Harper Collins pour leur envoi et leur confiance. Je souhaite une très belle sortie littéraire à l'auteure.