Moi et Elles
Résumé : « Les femmes ne servent qu’à augmenter ton score ? Ah, bravo. T’es un poète. Ce score est si cher à tes yeux, c’est pour t’en vanter auprès des autres mecs ? Et après, tu fais quoi ? Tu ne seras pas plus heureux. » Henri a 26 ans lorsqu’il découvre les rapports intimes et les plaisirs charnels. Mais face aux normes sexuelles et sociales, surgissent ses doutes, ses interrogations et ses frustrations. Son histoire, jalonnée de conversations sans tabou avec son entourage et d’expériences variées, nous amène nous aussi à questionner les diktats de la société et l’obsession de la performance. Un parcours initiatique qui nous fait prendre conscience de la nécessité de déconstruire la sexualité.
LECTRICES LEDUC 2024SOCIÉTÉBANDE-DESSINÉE
Antiigone
7/18/20242 min read
Henri découvre la sexualité et les relations avec les femmes à l’âge de vingt-six ans. Peu à l’aise avec ce qu’il ressent, il se pose beaucoup de questions… ou pas assez, comme le lui font ressentir ses différentes « conquêtes » qu’il croit bon d’ajouter à un tableau de chasse que la société semble lui imposer de remplir. Rattrapant son « retard », il prend alors conscience de la vicissitude de ses comportements et souhaite ne plus les reproduire.
Voici donc le cheminement d’Henri dans cette BD riche en couleurs et en émotions, signée Sainte Paluche et Maximilien Mpoto, parue aux éditions Leduc Graphic, que je remercie pour leur envoi dans le cadre des #LectricesLeduc2024.
C’est le genre d’ouvrage qu’il est compliqué de commenter sans manquer de paraître maladroit, car le sujet est tellement brûlant et enflamme vite les discours. Depuis le mouvement #MeToo, les Hommes clament leur #NotAllMen et cette BD montre bien que cette prise de position est à double tranchant. Être un Homme dans notre société aujourd'hui est tout aussi compliqué que d’être une Femme. Certains découvriront qu’ils subissent, eux aussi, une certaine pression sociale, un culte de la performance – toujours plus de conquêtes, toujours tenir plus longtemps ! –, que le physique est un critère de discrimination masculine particulièrement ancré dans les croyances sociales – les gros muscles, la grande gueule à blagues bien beauf « juste pour rire », la grosse t*ub, et pourquoi pas le prolongement par la grosse voiture, hein ! – que la virilité est un concept assez avilissant, que les femmes participent parfois malgré elles – ou bien consciemment, hein ! – à entretenir ces clichés sur les hommes.
On s’identifie à Henri. Il pourrait être n’importe lequel des hommes de notre entourage. On constate une réelle évolution dans sa manière de percevoir le monde, les femmes et les hommes qui l’entourent. Il en parle à son psy, à ses amis, à sa famille. Dans un cadre ou dans l’autre, les sons de cloches qu’on lui renvoie sont discordants et il devra trouver sa voie pour enfin s’accepter et se comprendre.
La bande dessinée est le support parfait, à mon sens, pour aborder cette thématique. Par la fiction et les images, mettre en scène certaines situations me semble plus parlant. Les dessins de Maximilien Mpoto sont pleins de couleurs, simples et dégagent une certaine poésie pour aborder ce sujet pourtant tellement ancrée dans le réel. Des traits fluides permettent aux personnages de montrer leurs émotions sans fard. J’aime beaucoup !
Pour conclure, une très bonne bande dessinée qui ouvre des portes à une réflexion sur la sexualité et les hommes, la pression sociale et la masculinité toxique, sans pour autant être accusatrice et moralisatrice. Les dessins sont très bien adaptés aux idées à transmettre et mettent en scène des situations que l’on peut tous rencontrer, que l’on soit Homme ou Femme. Un récit essentiel à mettre en toutes les mains pour commencer à ne plus entretenir cette pression sociale et cette masculinité toxique !