Les liens du sans

Résumé : « Quelle place mon père peut-il avoir dans ma vie quand il a toujours brillé par son absence ? » Les liens du sans : voilà comment se caractérise la relation d’Aly avec son père, qui n’a jamais été qu’une figure lointaine. Jusqu’au jour où elle reçoit une lettre de lui, sortie de nulle part, demandant à la voir comme si c’était tout naturel. C’est alors une vraie remise en question pour elle. Le choc émotionnel passé, elle commence à mesurer l’impact de cette absence sur sa vie, et à s’interroger sur ce qui fait vraiment une famille. Parce que les liens du sang ne sont pas la garantie d'un amour inconditionnel une BD universelle et déculpabilisante sur la relation avec nos pères.

LECTRICES LEDUC 2024BANDE-DESSINÉECOUP DE CŒUR

Antiigone

8/21/20242 min read

Les liens du sans, de Samboyy
Les liens du sans, de Samboyy

Bonjour tout le monde !

On se retrouve aujourd'hui pour une nouvelle chronique dans le cadre des #LectricesLeduc2024, avec une bande dessinée signée Samboyy : « Les liens du sans ». Non, ce n’est pas une faute de frappe, mais bien le titre. Quand le « sang » devient « sans » dans une famille, quand les liens sont inexistants ou dysfonctionnels, voici une bonne entrée en matière pour ce sujet qui me touche particulièrement.

Samboyy nous fait entrer dans le quotidien d’une famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire : la mère, le fils, le grand-père-voisin par association, et le beau-père, colorés et pleins d’émotions, comme sait le faire cet illustrateur que j’apprécie beaucoup. Un jour, une lettre arrive et vient chambouler ce quotidien heureux. C’est celle d’un père qui n’a pas été Père souhaitant recréer des liens. Alors, que faire ? Chacun se questionne sur sa propre place dans la famille. Mais qu’est-ce que la famille, au fond ? L’important n’est-il pas simplement le lien, sans forcément qu’il y ait du « sang » ? Beaucoup d’interrogations sont soulevées et font écho chez le lecteur. Prenant et brillant sur un sujet peu abordé, non seulement dans la littérature, mais tout simplement dans la vie quotidienne où la Famille avec un grand F est sacralisée et où il est encore inconcevable de couper les ponts avec ceux qui sont sensés nous aimer inconditionnellement.

Ici, on parle du lien – ou plutôt de l’absence de lien – avec le Père, mais n’oublions pas que cela peut aussi concerner la Mère. Comment se construit-on et comment nous identifions-nous lorsqu’une figure essentielle nous manque cruellement et quelles en sont les répercussions à l’âge adulte ? Sans aborder l’aspect pathologique beaucoup plus complexe et destructeur, l’auteur met en scène, avec parfois une petite touche d’humour sans pour autant décrédibiliser la situation, ces scènes de la vie de tous les jours où ce « sans » se fait ressentir.

Malgré une fin ouverte un peu abrupte et simple – j’aurais apprécié plus de développement et d’autres questions à soulever, mais c’est un bon début pour aborder ce sujet difficile – j’ai beaucoup aimé ma lecture et me suis totalement retrouvée dans cette bande dessinée. C’est une porte ouverte pour prendre conscience et aborder cette thématique avec soi-même ou ses proches.

C’est la première bande dessinée de Samboyy que je lis et j’apprécie toujours autant ses dessins vivants croisés dans le recueil collectif « Petits gestes et grandes actions » chez Leduc.

Pour conclure, « Les liens du sans » est une très belle bande dessinée que je recommande à tous, blessés de Père ou de Mère ou non. Les dessins sont sublimes et mettent en scène une famille dans laquelle nous pouvons tous nous reconnaître. Habilement, Samboyy interroge les questions des liens familiaux défaillants et met en scène leur impact au quotidien. Une BD qui questionne et fait réfléchir, à lire absolument !